La villa Majorelle
Henri Sauvage
Construite entre 1901 et 1902 par l’architecte Henri Sauvage pour l’ébéniste-ferronnier Louis Majorelle, la Maison Majorelle est une synthèse technique des savoir-faire de l’Art nouveau.
L’architecture repose sur une ossature mixte : murs porteurs en brique et pierre calcaire de Savonnières, charpente en bois et remplissages ornementaux en grès flammé d’Alexandre Bigot. Les toitures asymétriques, les décrochements de façade et les modénatures soulignent un jeu volontairement irrégulier des volumes, accentué par la polychromie des matériaux.
À l’intérieur, la distribution suit une logique spatiale fluide autour de l’escalier central en bois sculpté et ferronnerie, avec des circulations en demi-niveaux typiques des innovations hygiénistes du tournant du siècle.
L’ensemble de la maison a été conçu comme une œuvre unifiée intégrant techniques de construction, décoration intégrée et mobilier fixe.
La ferronnerie de Majorelle, réalisée en fer forgé martelé et riveté à chaud, dessine des motifs végétaux complexes pour les garde-corps, rampes, grilles et luminaires.
Les vitraux de Jacques Gruber, en verre soufflé et peint à la grisaille, assurent à la fois la filtration lumineuse et l’ornementation narrative.
Le mobilier d’origine, en frêne, chêne et loupe de noyer, est souvent encastré dans les murs, avec marqueterie florale, pièces de serrurerie sur mesure et patines intégrées.
Le tout forme une articulation parfaite entre innovation technique et esthétique naturaliste, où chaque matériau est utilisé à la fois pour ses qualités mécaniques et expressives.