"L'exposition "Les choses" met en lumière la nature morte, un genre souvent sous-estimé malgré sa popularité. L'expression "nature morte" ne reflète pas adéquatement ce qui est en réalité une représentation d'un ensemble d'objets, parfois animés, arrangés par l'artiste. L'utilisation du terme "chose" dans l'exposition est donc plus appropriée.

Depuis toujours, les humains ont observé et représenté les objets, qui occupent une place importante dans nos vies, non seulement comme objets matériels mais aussi comme symboles. La représentation des choses offre un aperçu de l'évolution de la pensée humaine et de la vie quotidienne à travers les âges. Ce genre artistique révèle les croyances, peurs, désirs et rêves des humains à travers les époques et cultures, tout en incitant à réfléchir sur notre relation actuelle aux objets, entre surconsommation et préoccupations écologiques.

Bien que la nature morte soit devenue un genre pictural indépendant au 17e siècle, les premières sections montrent que la représentation des choses remonte bien avant. Par exemple, les haches préhistoriques (3500 avant notre ère) démontrent la volonté de représenter les objets avant l'invention de l'écriture. Dans l'Antiquité, en Égypte et en Mésopotamie, les objets représentés sur les bas-reliefs ou les tables d'offrandes accompagnaient les morts dans l'au-delà. Contrairement à la croyance populaire, l'art du Moyen Âge ne néglige pas les objets en faveur du divin. Même s'ils ne sont plus représentés pour eux-mêmes, les objets symboliques sont présents dans l'art religieux en Orient et en Occident. L'exposition propose un dialogue entre œuvres anciennes et contemporaines, couvrant différents médiums artistiques comme la peinture, la sculpture, la vidéo, le cinéma et la photographie.

En élargissant les frontières géographiques, chronologiques et artistiques de la nature morte, cette exposition offre une nouvelle perspective sur la représentation des choses et notre relation à celles-ci, d'hier à aujourd'hui."

Commissariat : Laurence Bertrand Dorléac, historienne de l’art, avec la collaboration de Thibault Boulvain et Dimitri Salmon.