"Les bancs publics sont la forme contemporaine de l'au delà."
Kamel Daoud

Les bancs publics sont des ilots isolés, des espaces privés perdus dans le flot tumultueux de nos rues. Dans ces lieux immobiles émergeant hors d’un monde en mouvement, le temps, l’espace, les êtres prennent une autre saveur.
Peux être cette immobilité, cet écart aussi minime soit-il, est-il la seule façon de ressentir le mouvement du monde, de se saisir du temps qui passe, toutes sensations impossibles pour les passants, individus immergés dans le mouvement du monde.

Les habitants de ces iles sont-ils des philosophes ou des naufragés ?
Ces bancs ne sont-ils pas les iles lointaines ou les rivages parfumés que tant d’hommes recherchent en vain ?

"Il est doux, quand la mer est déchainée et que les vents soulèvent les vagues, de contempler du rivage le danger et les efforts d’autrui : non pas qu’on prenne un plaisir si grand à voir souffrir le prochain, mais parce qu’il y a une douceur à voir des maux que soi-même on n’éprouve pas." Lucrèce, “De la Nature des choses".